AU DELĀ DE LA CIBLE
Corps, Ame, Esprit.
Dans son éternelle recherche de la lumière, l’homme oublie qu’il n’est pas uniquement matière. Il se heurte à des barrières, car ce qu’il pense être une cible est une porte qui est en réalité la fin du commencement.
Sur la ligne de tir l’archer est face à la cible. Les pieds solidement ancrés au sol, les hanches basculées en avant, le ventre plat, les épaules basses rejetées en arrière, la tête droite, le regard fixé sur la cible. Ses gestes sont coulés, lents, précis : il incline l’arc, place sa flèche, prend la corde, monte les deux bras tendus, il tire la corde jusqu’à son visage. Un temps, il s’arrête, puis lâche la corde, la flèche prend Vie, elle est partie, déjà elle se plante dans la cible, dans ce fameux rond jaune qu’on appelle « or ».
Cependant, tel l’oiseau migrateur nonobstant les frontières, l’âme de la flèche dépasse la cible, elle est immatérielle, intemporelle, elle est hier, aujourd’hui, demain, grand-père et petit-fils, orient et occident, elle est comète, elle est aurore boréale, lever de soleil, tsunami. Elle file, elle est Peter Pan, Robin des Bois, Azincourt, Hiroshima. Cependant, dans son éternelle recherche elle trouvera souvent l’humain, rarement l’Homme.